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GENRES PICTURAUX ET INFLUENCES

Tout au long de sa carrière, le peintre semble s’être essayé à plusieurs genres picturaux :

Les genres picturaux ont été définis à la fin du XVI ème et sont restés en vigueur jusqu’au début du XX ème. Ils sont organisés en sept catégories qui sont hiérarchisées.

La scène historique :

Sujets tirés de l’histoire réelle (batailles, couronnements…) ou biblique.
Pendant longtemps, la scène historique était considérée comme le genre par excellence. Elle nécessitait effectivement de maîtriser les autres genres (portrait, paysages…) mais devait en outre posséder une dimension narrative.
Le peintre semble ici tourner le genre en dérision (les rouges contre les verts, opposition absurde et dénuée de sens).

L’allégorie :

Ce genre doit faire passer picturalement une idée abstraite (par exemple le temps) ou une notion morale (la vertu…) le peintre pouvait pour cela s’appuyer sur des figures identifiées (le lion pour le courage…), faire référence à la mythologie ou même à des objets symboliques (le sablier pour le temps qui passe…)
Ici, la mort est symbolisée par sa faux.

La scène de Genre :

Elle représente une scène de la vie quotidienne : le travail aux champs, le repas, une fête… L’artiste doit savoir saisir une ambiance comme celle de cet apéritif sur une terrasse :
La force de ces toiles, représentants des moments à priori anodins, est d’atteindre quelque chose de l’ordre du récit. Ainsi le critique d'art Georges Rivière écrivit au sujet de cette toile de Renoir : « C'est une page d'histoire, un monument précieux de la vie parisienne, d'une exactitude rigoureuse »

Le portrait :

Avec le portrait, on quitte toute dimension narrative.
Le portrait, au début représentation fidèle, va peu à peu utiliser le pouvoir d’expression et d’émotion de la peinture pour aller au-delà. Le peintre tente alors de saisir non seulement la vérité physique mais aussi psychologique d’une personne (que cette personne soit réelle ou pas).
Notre peintre fera le portrait de son aimée, Garence, en nous livrant le désir qu’elle lui inspire (chair, couleurs chaudes…).
En voyant ce portrait de Garence, comment ne pas penser aux odalisques de Matisse ?
Même leurs esquisses se ressemblent : Et si les deux peintres avaient connu la même femme ?
Esquisse de Garence retrouvée par Plume dans l’atelier
"Nu accoudé" 1930, Matisse.
Dans l’atelier, parmi les œuvres abandonnées par le peintre, nos héros découvrent dans l’ombre un joueur de fifre, une référence directe à Manet :
"Le joueur de fifre", Huile sur toile, 1866, Manet
Toujours dans l’atelier, déposé entre l’autoportrait et le portrait de Garence, on aperçoit un Arlequin qui entame un dialogue avec nos héros :
Cet arlequin ressemble beaucoup à ceux que Picasso a pu peindre, en voici deux exemples (dont un « Pafini ») :
"Paul en Arlequin", Huile sur toile, 1924, Picasso
"Arlequin accoudé", Huile sur Toile, 1901,Picasso

L’autoportrait :

Plus qu’une simple représentation de l’artiste, l’autoportrait doit permettre aux spectateurs d’accéder à l’intimité et aux pensées de l’auteur en nous livrant sa vision de lui-même.
Dans le film, on peut remarquer deux choses. D’une part, l’autoportrait est placé près du portrait de Garence ; d’autres parts, il s’agit de notre première rencontre avec le « peintre ». Celui s’est représenté de profil, dans des tons verts d’eaux qui peuvent nous faire penser aux couleurs de Matisse :
En revanche, son accoutrement, avec son béret vissé sur la tête et son gilet, évoquerait plutôt Cézanne.
Sur son autoportrait, notre peintre paraît un peu grincheux, révélant son humeur au moment de sa création.

Le paysage :

Le paysage est souvent l’occasion pour le peintre de se confronter à la grandeur des éléments, à la perpétuelle transformation de la nature (même si il existe des paysages ).
Ici, ce n’est peut-être pas un hasard si on retrouve « le créateur » face à la représentation de cette nature !
Il peint la mer, élément naturel vivant, changeant, non domestiqué. Sa toile, une fois encore, nous fait penser à Monet qui, à la recherche de motifs nouveaux, entreprend une représentation moderne de la mer et des vagues à Étretat en 1884.
Lors de leur voyage dans la toile représentant Venise, nos personnages, toujours à la recherche du peintre, sont ébahis devant la scène qu’ils découvrent : des centaines de peintres devant le même paysage (un coucher de soleil) faisant le même tableau…
Il semble bien difficile pour un artiste de se distinguer en insufflant à sa toile une dimension supplémentaire à la simple représentation de la nature. En représentant la lumière plus que le soleil lui-même par exemple, ou en soulignant l’atmosphère particulière crée par un crépuscule…
Claude Gellée, dit « Le Lorrain »(1600-1682) est un de ces artistes qui, en inventant d’ailleurs souvent les paysages qu’il peignait, était capable, grâce à une lumière rasante provenant des lignes de fuites, d’inviter ses spectateur aux voyages imaginaires… Plus tard, Turner ou Monet en feront une de leurs références.

La nature morte :

La nature morte a longtemps été considérée comme un genre mineur. Elle se caractérise par la représentation de choses inanimées (gibier, fruits ou objets…).
La composition de ces ensembles est aussi importante que la représentions de chacune de ces choses. Force est de constater que notre peintre ne s’est pas s’être véritablement intéressé aux natures mortes.

Nos personnages, passants d’œuvres en œuvres, retracent ainsi le chemin et l’évolution du peintre.
Il ressemble à un archétype d’artiste français du début du XX ème siècle. On peut penser en voyant ses œuvres à Matisse, Picasso, Modigliani, Cézanne ou encore Gaugin… On pourra aussi rechercher dans les œuvres traversées des références à des mouvements artistiques.

Voici quelques propositions non exhaustives des œuvres ou des techniques qui ont pu influencer le peintre… Ou le cinéaste…

Le clair-obscur, qui construit des effets de relief par la répartition de l’ombre et de la lumière sur la toile, permet d’augmenter la tension dramatique en figeant les attitudes à un moment précis.

Laguionie utilise cette technique, notamment chez les Pafinis, lorsque persécutés, ils doivent eux aussi se cacher :
L’artiste du Clair-obscur sans aucun doute le plus connu est Le Caravage qui ira jusqu'à donné son nom à une école picturale : le caravagisme.
Dans Venise, Plume est poursuivi par la Mort qui veut lui ravir Gomme. La poursuite se fait au sein d’escaliers tortueux à la logique improbable, labyrinthique…
… lieux étranges mêlant sentiments de claustration et d’absurdité qui convoquent l’univers des Prisons de Piranese …
Ou, dans une logique à la fois absurde et mathématique, le travail d’Escher :
Toujours à Venise, Lola parcours les canaux en gondole. Sous les ponts, elle découvre des merveilles…
… aux références évidentes :
Il ne s’agit pas de la seule référence explicite à Chagall puisque lorsque Claire rêve de son amour
cela nous évoque irrémédiablement
La très belle scène où Claire découvre le visage de son aimé, Ramo, dans le reflet de l’eau…
peut nous faire penser aux différentes interprétations des Métamorphoses d’Ovides. Si nous devions en choisir une, ce pourrait être celle-ci :
Quant au tout dernier plan du film :
"L’été", Huile sur toile, 1874, Monet