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AGENDA
Ce surgissement du noir

Exposition photographique réalisée par les personnes incarcérées à la Maison d'Arrêt de Rouen

Vernissage
Vendredi 1er février 2019 de 17h à 22h, Labo Victor Hugo, 29 rue Victor Hugo, 76000 Rouen
Deux détenus ayant participé à cet atelier de création photographique et musicale seront présents, entre 17h00 et 18h30, pour rencontrer les visiteurs.

Ce surgissement du noir
Visites/permanences

samedi 2 et dimanche 3 février de 13h00 à 18h00
assurées par les photographes Guillaume Painchault et Guillaume Laurent.

Du 13 août au 18 septembre 2018, des personnes incarcérées à la Maison d’Arrêt De Rouen ont réalisé, dans le cadre du dispositif Culture Justice et d’un atelier Passeurs d’Images mêlant image et musique, une série photographique et une pièce musicale.
Dans la réalisation de cette création artistique, ils furent accompagnés par les photographes Guillaume Painchault et Guillaume Laurent, ainsi que les musicien.ne.s Héloïse Divilly et Raphaël Quenehen.

Labo Victor Hugo
29 rue Victor Hugo - 76000 Rouen

Infos complémentaires
Projet Culture-Justice
Pour la troisième année consécutive, Normandie Images (dispositif Passeurs d’Images) a mis en œuvre, avec les détenus de la MA de Rouen, un parcours d’ateliers liant image et musique, à travers des ateliers de création artistique collective et transdisciplinaires.

Le thème de cet atelier, « Ce surgissement du Noir » ou plus précisément L’Obscurité » entre en résonance avec deux projets personnels portés par les deux artistes mobilisés sur ce projet (Guillaume Laurent et Héloïse Divilly). : si c’est le premier qui travaille expressément sur le thème de l’Obscurité, la seconde œuvre de son côté à la création d’une forme musicale en solo intitulée « Jour et Nuit », se frottant au passage de la lumière à l’obscurité, ce moment où la lumière s’amenuise).

L’action se déroulera en trois temps :
1 - Ateliers de photographie : création et accrochage d’une exposition (4 séances)
Les 3 premières séances se sont déroulées en 2 groupes de 4 personnes avec un appareil photo et un éclairage par groupe.
Chacun leur tour, les participants ont été photographe et sujet. Ces ateliers photographiques ont eu pour objectif de créer des images en sous- exposition dans un lieu déterminé, la chapelle de la MA, car ces prises de vue nécessitaient d’avoir du recul par rapport au sujet photographié. Une fois l’obscurité obtenue, une lumière a été placée de côté de façon à ce qu’elle puisse dessiner la silhouette du sujet et la face sortir mystérieusement de l’obscurité (« Ce surgissement du noir »). Les sujets ont été photographiés de plain pied (format portrait) et des discussions sur la notion de posture et d’attention ont été nécessaires pour faire ressortir de l’ombre une présence, une expression authentique du moment présent.

Comme dans les exemples de photographies que vous trouverez dans ce dossier (images réalisées par le photographe Guillaume Laurent), les images prises par les participants sont sous-exposées ce qui ne permet pas de discerner précisément les visages et les bâtiments mais des silhouettes qui occupent l'espace de l'ombre et aperçoivent la lumière.

Les participants ont été guidés sur la technique de prise de vue de portrait, la décomposition des mouvement en rafale et la tenue de l’appareil par les photographes Guillaume Laurent et Guillaume Painchault.

2 - Ateliers de musique : création et interprétation d’une pièce musicale avec l’invitation d’un musicien improvisateur (4 séances)
Les ateliers de musique ont eu pour but d’écrire une forme musicale avec les participants, d’en composer la musique, et de la jouer. L’écriture de la pièce musicale a été issue des ateliers photographiques et de leur thème, « Ce surgissement du noir ». Les participants ont été amenés à traduire en musique ce qu’ils ont vécu et ressenti dans ces ateliers. Un musicien improvisateur a été invité pour jouer cette pièce avec le groupe, lors de la restitution dans une salle de la Maison d’Arrêt.

L’instrumentarium était composé de gongs, bols tibétains ou chinois, lames de métallophones, xylophones ou vibraphones, cailloux résonnants et tambours. Il est inspiré du gamelan javanais (grand instrument composé de métallophones, xylophones, gongs, tambours, flûtes).

Il y a eu 4 séances d’écriture et de pratique des instruments avec la musicienne Héloïse Divilly. C’est un travail purement oral qui a fait appel à la mémorisation. Les instruments résonateurs étaient axés le travail sur l’écoute et la patience. Raphaël Quenehen, saxophoniste improvisateur, est intervenu lors des troisième et quatrième séances, pour rencontrer les participants et découvrir la pièce qu’il accompagne. 3) Valorisation : le vernissage et le concert (1 séance)

Un vernissage a été organisé dans lune salle de la Maison d’Arrêt, qui donnait à voir l’exposition photographique réalisée par les détenus. Ceux- ci ont jouét pour l’occasion leur pièce musicale au public présent, avec donc un improvisateur (le saxophoniste Raphaël Quenehen) comme invité. Comme les années précédentes, nous avons pris soin d’inviter à ce temps de valorisation, de rencontre et d’échange des personnes identifiées par le SPIP et Normandie Images que nous savions concernées et engagées sur les questions d’accès à la culture pour tous.

Lors de ce vernissage a été remis aux détenus un DVD recueillant les différentes photographies de l’exposition et un enregistrement de leur pièce musicale. Chacun a reçu également un tirage original d’une des photos de l’expo.

3 - Une perspective hors les murs
L’origine du projet (Ce surgissement du Noir) est une création du photographe Guillaume Laurent et de la chorégraphe Laurence Vandermoortele réalisée entre juin 2017 et décembre 2018 et présentée à la galerie FULLB1 à Rouen du 06 décembre 2018 au 05 janvier avec cette même thématique de l’Obscurité traitée avec des danseurs à travers une chorégraphie écrite et des improvisations. Une pièce/environnement sonore a été créé par le compositeur François Buffet pour ces images.

Les travaux réalisées par les participants de l’atelier de la Maison d’Arrêt de Rouen restent, pour la grande majorité des projets, en interne et ne vivent que très rarement à l’extérieur. Une volonté des intervenants a été de montrer le travail réalisé cette année hors-les-murs dans l’objectifs de sensibiliser le public au potentiel de création des participants dans ces ateliers, de valoriser les dispositifs culture justice, les actions culturelles et mettre en lumière cette volonté de créer des détenus.

Annexe 1 : Note d’intention artistique de Guillaume Laurent
L’obscurité au sens inconditionnel peut nous faire lâcher prise par son absence de point de référence. L’espace qu’elle procure est très vaste et quasiment sans limite si l’on veut bien se détendre et accepter la nature vide et illusoire de toute chose. En plein jour, notre vie est balisée, conditionnée par l’interprétation que l’on se fait des obstacles que l’on rencontre, liée à notre cheminement personnel et notre éducation. Nous répétons sans cesse les mêmes schémas, les mêmes habitudes, les mêmes névroses pour se détourner de la réalité. L’obscurité nous offre l’opportunité d’abandonner nos points de références, nos conditionnements et de directement faire face à nos peurs, de rentrer en relation avec elles et les accepter pleinement avec douceur. Effrayant? Oui bien entendu! Mais c’est une authentique façon de pouvoir rentrer en amitié avec soi-même, avec les autres et le monde tel qu’il est. L’obscurité nous invite à ne pas prendre la fuite mais à voir, à rentrer en relation avec ce que nous sommes, avec ce que les choses sont réellement. Ces images inviteront le public à prendre le temps de rentrer dans cette obscurité pour y découvrir la nature non-agressive, fragile, intrépide et digne de l’être humain.

Annexe 2 : Note d’intention artistique de Héloïse Divilly
Le passage du jour à la nuit est un moment d’entre-deux où l’activité se transforme pour aller, en règle générale, vers une phase de repos. Elle est intimement liée à la phase active qui la précède. La vie alterne phases actives et passives, lumineuses et sombres, chacune résonnant avec l’autre. La nuit symbolise cette période de repos. Elle permet la régénération, elle est un retour aux sources. Car sans sommeil, pas de réveil... Sans réveil, pas d’éveil ! Ce qui nous intéresse ici est le chemin parcouru pour aller vers ce moment de repos.

Cet intrumentarium « type gamelan » est conçu pour avoir comme base un bourdon musical et des résonances. En Indonésie, le gamelan est joué par tout le monde. Chaque personne a son métier, et vient apprendre le gamelan à côté. L’apprentissage est collectif. Le gamelan est considéré comme un seul instrument, joué par plusieurs personnes. La notion d’individu et de collectif est au coeur de cette pratique. Chacun doit bien jouer sa partie pour que le tout sonne. Le passage du jour vers la nuit se fait en continu par la rotation de la Terre, et le bourdon l’accompagne, signe de la permanence et de l’impermanence des choses. Le retour aux sources est vu ici comme l’une de ces deux phases, nécessaire au mouvement du monde.