Des jeunes ambassadeurs du devoir de mémoire.
La première projection publique du film "Être enfant en temps de guerre" ce jour au cinéma Les arts de Montivilliers dans le cadre des Journées du patrimoine a réuni 155 personnes. Accompagnés par le réalisateur Jean-Marie Châtelier, les jeunes de l'AMISC ont réalisé un long métrage exigeant et sensible, largement salué par le public.
La plupart des témoins que les jeunes ont rencontrés pour réaliser ce film étaient présents. Ils ont évoqué de très belle façon l'importance de la transmission, de la mémoire... Ayant vécu la Seconde Guerre mondiale, la guerre d'Algérie ou en Syrie, ils ont exprimé leur profonde émotion à propos de la situation en Ukraine, terrible retour de la guerre en Europe alors qu'ils pensaient ne plus jamais vivre ça.
Pour revivre ou découvrir les paroles lumineuses et parfois graves de tous les acteurs et actrices de ce projet, ainsi que les réactions du public, voici quelques vidéos qui témoignent de ce moment très spécial que nous avons partagé.
La vie de ce film ne fait que commencer, il est essentiel qu'il puisse être vu par le plus grand nombre dans les prochains mois et même les prochaines années. Pour cela, vous pouvez contacter Normandie Images ou le Centre social AMISC de Montivilliers.
Ce film est le fruit d’un atelier de réalisation Passeurs d’images. Huit jeunes sont partis à la rencontre de témoins de guerre passées et actuelles, sont allés sur des lieux de mémoire, afin de réaliser un film mêlant images d'archives amateur et témoignages. Les rencontres ont été tellement riches que le court-métrage envisagé au départ est devenu un long-métrage !
Un film réalisé par : Lorenzo Allain, Rose-Anaeille Akpli, Emilien et Héloïse Commare Dally, Lana Konte, Ewan et Lisa Legourrierec, Nolan Recher
Accompagné par le réalisateur Jean-Marie Châtelier
Synopsis : Etions-nous vraiment en guerre lors du premier confinement ? Huit jeunes du centre social AMISC de Montivilliers se sont posé la question et ont cherché à y répondre en allant à la rencontre de témoins de guerres passées et récentes, sur des lieux de mémoire et en se plongeant dans les films d'archives amateurs de Normandie images. Ce film lumineux et sensible témoigne du parcours des jeunes aux côtés du réalisateur Jean-Marie Châtelier. Réalisé avant le début de la guerre en Ukraine, il évoque malheureusement une actualité bien réelle.
Projet porté par Normandie Images (dispositif Passeurs d’images et service mémoire audiovisuelle et cinématographique), en partenariat avec l’Association Montivillonne d’Initiatives Sociales et Culturelles de Montvilliers.
Journal de bord du projet
Mercredi 6 octobre : Lancement du projet
Une matinée de formation est proposée aux professionnels qui encadrent les jeunes et à des partenaires du centre social AMISC afin d’entrer au cœur du projet, plusieurs intervenants l’animent.
Bertrand Lecureur (chargé de Conservation et de Recherche au MUNAÉ, Musée national de l’éducation), aborde la jeunesse au temps de la guerre d’Algérie (1954-1962). La présentation s'appuie notamment sur le webdocumentaire “L’Algérie et son école” autour de la scolarité des jeunes algériens au temps de la colonisation et de la guerre. Bertrand Lecureur explique qu’en 1940, seules 10% de la jeunesse algérienne étaient scolarisées. Les participants visionnent des témoignages d’anciens élèves, d’enseignants ou encore de soldats instituteurs, parfois durs mais aussi particulièrement émouvants.
Agnès Deleforge (chargée de projets Mémoire à Normandie Images) présente le service Mémoire audiovisuelle et cinématographique de Normandie images et sa mission de préservation, de collecte et de valorisation des collections de films amateurs tournés sur le territoire normand ou par des personnes de la région. Normandie Images dispose de 5130 films amateurs dont les plus anciens datent de 1920. Les participants découvrent aussi la plateforme Mémoire normande memoirenormande.fr sur laquelle 3 989 films et 25 000 photographies sont visionnables gratuitement ainsi que des portraits filmés de cinéastes amateurs permettant de contextualiser les images. Des documents audiovisuels sur la vie quotidienne pendant les périodes qui intéressent les jeunes sont interrogeables par mots-clefs ou dates, ils seront une ressource très intéressante dans la réalisation de leur documentaire.
Jean-Marie Châtelier (réalisateur) explique son parcours, son métier de réalisateur de documentaire et sa démarche dans le cadre d’ateliers d’éducation aux images. Il leur fait découvrir le film Le tunnel Jenner au Havre : la tragédie du 6 septembre 1944 réalisé avec les élèves d’une école havraise, un atelier qui leur a permis de rencontrer des témoins. Ils visionnent aussi le film Gérard Morpain, un résistant, réalisé avec des collégiens mettant à l’honneur le premier résistant havrais.
L’après-midi est consacrée à la rencontre entre les jeunes et Jean-Marie Châtelier. Comment aborder la question essentielle du devoir de mémoire avec les jeunes et leur permettre de s’approprier cette question ? Le réalisateur leur propose de remplir un questionnaire afin d’alimenter les échanges au cours de l’après-midi. Quel est leur ressenti face à la déclaration d’Emmanuel Macron : “Nous sommes en guerre” (lors du premier confinement) ? Quelle serait selon eux la chose la plus difficile à vivre en temps de guerre ? Ont-ils déjà connu la guerre et pensent-ils la connaître un jour ? Quelle aurait été leur réaction durant la deuxième Guerre mondiale ? Certaines questions mettent d’accord tous les participants, comme celle relative aux propos d’Emmanuel Macron qu’ils ont trouvés exagérés, déplacés et même indécents, pour Lana c’était même “abusé” ! Tous s’accordent également à dire que leur vie est bien plus confortable que celle des enfants qui vivent dans un pays en guerre même s’ils estiment ne pas en avoir toujours conscience au quotidien et pensent souvent se plaindre pour des futilités. La question sur leur positionnement pendant la guerre les fait beaucoup réfléchir. Si Ewan est sûr qu’il se serait engagé dans la résistance, Lorenzo y aurait réfléchi deux fois s’il avait une famille, Lana quant à elle ne sait absolument pas ce qu’elle aurait fait, elle pense que face à une telle situation, on ne réfléchit pas forcément et on fait ce que notre instinct nous pousse à faire. Une chose est sûre, ils sont tous admiratifs de ceux qui se sont battus en ce temps-là et assurent, qu’en tout cas, ils n’auraient certainement pas collaboré. Ils parlent déjà cinéma aussi et interviews de témoins, ils découvrent des films d’atelier accompagnés par le réalisateur. Un premier questionnaire à destination des témoins est ébauché ensemble, les propositions et les idées ne manquent pas.
Lundi 25 octobre : Début de l’atelier de réalisation, des rencontres et des visites...
Les jeunes de l’AMISC viennent à Normandie Images à Rouen. Après une visite des locaux de conservation des archives filmiques, ils découvrent des films d’archives amateurs datant de la seconde Guerre mondiale et de la guerre d’Algérie. À travers ces images, les jeunes appréhendent ce qu’était la guerre à ces époques. Ils rencontrent ensuite plusieurs témoins : Pierre Cordier, réalisateur amateur de films (préservés par Normandie Images, films destinés initialement au cadre familial) et jeune appelé pendant la guerre d’Algérie, M. et Mme Jean, enfants pendant la seconde Guerre mondiale, et Alaa Hossam, jeune réfugié syrien et étudiant en médecine vivant aujourd’hui à Rouen.
Mardi 21 décembre
Au studio B, les apprentis réalisateurs ont visionné le montage final du film, choisi les voix, enregistré les voix off, positionné les voix dans le montage. Le sérieux et l’enthousiasme des jeunes est à souligner, ils ont épaté une fois encore les professionnels qui les ont accompagnés : "Très fier de pouvoir travailler avec cette équipe !!! Ils sont vraiment très chouettes nos jeunes ! Et quelles voix ! Encore une belle journée de travail !!"