EPISODE 4 FESTIVAL D’AUDIO-DESCRIPTION AVEC LES JEUNES DE L’INJA

30 mars 2016
Les jeunes des Nids et de l’INJA au Festival Audio-vision à Paris

Suite à l’atelier d’audio-description de février, nous allons voir le film « De toutes nos forces » de Niels Tavernier » au festival d’audio-description organisé par l’AVH à Paris. Jermaine, Nolwenn, Théo, Cathiana, Malika et Maëva, nos « apprentis audio-descripteurs » (!) sont fidèles au rendez-vous, accompagnés de Céline et Anne-Sophie inépuisables (!).

Pour rappel, l’audiodescription ou Audiovision permet de rendre le cinéma accessible aux personnes déficientes visuelles.

affiche audio-vision

Le procédé est simple : il s’agit d’un texte en voix-off, inséré entre les dialogues, qui décrit les éléments visuels du film, les actions, les mouvements, les expressions des personnages, les décors, les costumes… tous ces éléments qui permettent de comprendre et de suivre un film. Au cinéma, l’audiodescription est diffusée par le biais d’un casque relié à un boîtier sans fil qui permet d’assister à la même séance que le public voyant.

Nous assistons à la projection avec de nombreux jeunes de l’INJA que nous avons rencontré deux semaines auparavant. Pour ces retrouvailles, nous avons eu le droit à un super accueil. Les jeunes et leurs éducateurs ont beaucoup apprécié notre venue à l’INJA, des envies sont nées : la réalisation d’un film, d’un blog… Ils ont apprécié notre site internet. Ils aimeraient qu’on se revoie et ont trouvé que nos ados avaient une belle attitude.  Nous leur exprimons notre plaisir de les revoir et que notre première rencontre a été un beau moment pour nous aussi.

Pour la projection  du film « De toutes nos forces » de Nils tavernier, nous avons la possibilité d’écouter l’audio-description avec un casque. Ce film aborde la relation d’un père et son fils handicapé.

th

« Comme tous les adolescents, Julien rêve d’aventures et de sensations fortes. Mais lorsqu’on vit dans un fauteuil roulant, ces rêves-là sont difficilement réalisables. Pour y parvenir, il met au défi son père de concourir avec lui au triathlon « Iron Man » de Nice : une des épreuves sportives les plus difficiles qui soit. Autour d’eux, c’est toute une famille qui va se reconstruire pour tenter d’aller au bout de cet incroyable exploit. »

Les réactions après la projection :

Théo 12 ans : « C’était bien, le fils a réussi à convaincre son père de faire la course Iron Man« .
Jermaine 14 ans : « Certes il y avait des moments émotionnels (!) mais j’ai pas pleuré. Moi, j’aurai dit oui au fils tout de suite. »Viens mon fils, on va faire la course«  ».
Maëva 17ans : « C’était émouvant. J’ai été touchée par le fait qu’ils fassent la course ensemble et qu’ils aillent au bout. J’ai utilisé le casque avec l’AD mais pas tout le temps parce que ça me perturbait« .
Christophe, collégien à l’INJA nous dit qu’il n’utilise jamais le casque, il préfère sans.
Nolwenn 14 ans: « Ca m’a touché profondément de voir ce film. Il faut toujours croire à ses rêves ! J’ai fait du triathlon déjà, c’est dur physiquement et moralement. Mais le moral compte pour 90%. Ecouter l’audio-description ça m’a soulagé, j’avais pas besoin de réfléchir! Quand ils ont dit « le regard noir », ils ont employé les mêmes mots que nous pour audio-décrire le regard de Benoit dans le film Aglaé« .
Malika 16 ans : « Le film m’a beaucoup plu, touchée. Je l’aurai regardé toute seule, je pense que je me serai effondrée. Mon moment préféré, c’est quand le fils tourne les roues de son fauteuil tout seul à la fin de la course et que son père épuisé se relève et y croit à nouveau. J’ai utilisé le casque avec l’AD au début mais c’était trop compliqué, j’ai essayé de fermer les yeux aussi. L’audio-description était bien faite, comme la notre(!) mais là il n’y avait qu’une personne qui parlait. J’ai discuté avec le jeune qui m’avait aidé à faire du torbal à l’INJA, je me suis présentée car il ne m’avait pas reconnue. »
Cathiana 14 ans : « Je n’ai pas aimé le film mais j’ai écouté la moitié du film avec le casque, ça ne m’a pas gênée. »

De toutes nos forces 2
Céline, éducatrice : « J’ai fermé les yeux pendant tout le film, j’ai écouté l’audio-description tout le temps. Ca ne m’a pas demandé d’effort, c’est comme si on m’avait raconté un livre animé, un livre vivant. C’est comme si on lisait mais qu’on entend les personnages. La musique apporte beaucoup d’émotions. Quand on n’a pas l’image, on est plus attentif à la musique, elle a plus d’importance, elle fait partie de la construction du film. On perçoit aussi très bien, le vélo, la respiration, l’eau… Je pouvais facilement me représenter les décors : montagne, institut spécialisé… Pour certains passages, j’ai trouvé que les descriptions étaient trop neutres, froides mais c’est peut-être lié au fait qu’il ne faut pas tout suggérer au spectateur. J’ai perçu les passages jour/nuit avec la lumière. Je n’ai pas été tentée d’ouvrir les yeux, je n’avais pas envie, je me suis laissée diriger. J’avais vraiment envie de découvrir cette expérience d’écoute ».

A savoir 

Depuis plus de 25 ans, l’association Valentin Haüy se bat pour développer l’audio-description en France (cette technique vient des États-Unis). Elle a d’ailleurs audio-décrit plus de 600 films et téléfilms, propose une véritable formation des audio-descripteurs et lutte au quotidien pour la reconnaissance de leur statut. Il y a eu de beaux progrès depuis quelques années, mais il reste beaucoup à faire : en 2014, seuls 29% des films français sortis au cinéma étaient disponibles en audiodescription, et on estime que 800 salles sont équipées en 2015.