Cinéphile averti et cinéaste de 22 ans, Siegfried Lefez a commencé à filmer les jeunes de Duclair
Portrait
A partir d’un article publié sur le blog municipal des jeunes gonfrevillais en novembre 2015
Siegfried Lefez baigne dans le cinéma depuis l’âge de 7 ans. Il a grandi avec le festival du Grain à démoudre. “C’est en participant à des ateliers sur le maquillage et le montage lors du deuxième festival que j’ai eu une révélation. Je me suis dit : “le cinéma, ce sera ma vie !”. J’ai fait partie des jeunes organisateurs pendant treize ans. J’ai appris beaucoup de choses et surtout fait de belles rencontres qui ont changé ma vie comme avec Ginette Dislaire (à l’origine de la création du festival avec Nicole Turpin) et Pascale Diez (coordinatrice du festival à l’époque puis intervenante) ainsi que le réalisateur havrais Jean-Marie Châtelier. Ils m’ont transmis leur passion et ont surtout su me guider alors que je traversais des moments familiaux difficiles.”
La rupture familiale, l’abandon, la violence… Siegfried en a fait le thème d’une lettre filmée pour son film de Bac en 2013. Intitulé « De Bout, 7 ans d’absences« , son court-métrage de 7 minutes ne peut pas laisser le spectateur indifférent, tant le jeune homme y exprime ses sentiments en mots et en images. “Je vide mes tripes. Cette lettre filmée s’adresse à tous ceux que j’ai attendus dans ma vie, en vain. Aujourd’hui, je leur pardonne, mais je n’oublierai pas… Véritable exutoire, cette lettre m’a permis d’avancer.”
Après l’obtention de son Bac, Siegfried s’inscrit en licence de cinéma à Paris VIII. Tout en étudiant, il se lance avec un ami dans la création d’une société de production appelé Emosi.“Nous avons des compétences variées : réalisation, montage, photographie, graphisme, événementiel, interventions, animations… Nous pouvons proposer des packages à des entreprises, mais l’idée est aussi de pouvoir produire nos propres projets.”
Il réalise notamment un court-métrage intitulé Lettre à Victoire en 2015. “Il s’agit d’un projet très personnel. J’ai écrit le scénario en une heure mais j’ai mis deux ans à le réaliser. J’ai énormément travaillé sur la bande-son, car j’ai souhaité exploiter les possibilités du 5.1 (cinq voies). « Lettre à Victoire » est un mélange de genres, à la fois documentaire, film expérimental et vidéo-clip ».
Sa passion du 7ème art, Siegfried la transmet… à son tour. Le jeune homme anime des ateliers cinéma.
La première semaine de tournage racontée par Siegfried
La première semaine de tournage s’est très bien déroulée. Je pense que les jeunes ont vraiment apprécié l’atelier d’audiodescription qui leur a été proposé. Dès le lundi, la caméra s’est imposée au groupe. Venu seul pour me faire discret, c’est pari gagné ! Au bout de quelques minutes je n’existais plus, les jeunes se sont lancés dans l’atelier et j’ai pu filmer, capter le réel sans problèmes. Ils ont vite compris qu’aucun rôle n’était à jouer.
Je suis ici avant tout pour mettre en avant leur travail, l’action d’éducation à l’image menée au sein du groupe d’accueil Les Nids. Je souhaite au travers de ce film valoriser leur travail pour démontrer qu’un foyer, que les jeunes qui le composent ne sont pas tous issus de quartiers, à problèmes et sans avenir, le propos le plus intéressant pour moi, puisque je suis certes professionnel du cinéma mais aussi issu de foyer ! Il me reste encore beaucoup à tourner pour capter l’ensemble du projet, mais c’était cette semaine un bon début !
Un beau moment autour des films du réalisateur
Pendant la semaine d’atelier audio-description, Siegfried a proposé de nous présenter quelques uns de ses courts-métrages. Ce sont des films très personnels où il se dévoile et qui nous montrent aussi comment il a réussi à se construire.
Le film « De bout, 7 ans d’absence » a beaucoup touché les jeunes. Il répond de façon surprenante à leur propre film et ne peut que faire écho auprès d’eux. Anas lui dit que « C’est courageux. C’est bien de pardonner ».
« Victoire » qui s’adresse à son premier amour. La forme de ce film est très différente, on dirait un clip, il y a une danseuse… Sa forme a séduit les jeunes. Voir la bande-annonce.
Et enfin « Diez # 22″ qu’il a réalisé pour ses amis et sa famille composée, un film pour leur dire merci d’être à ses côtés, un film dans la continuité de son journal filmé.
Siegfried a donné un conseil aux jeunes : écrire, avoir toujours un carnet sur eux. Il leur dit qu’ « écrire, ça libère ». Maëva lui dit qu’elle aimerait écrire à son père. Siegfried lui dit même que si elle veut faire un film, il l’aidera.